La Piaule de Guybourg

Le secteur Mercier-Ouest jouit d’un territoire très vaste sur lequel la population adolescente est répartie. La Maison des Jeunes MAGI offre des activités de loisirs aux jeunes de 12 à 17 ans de tout le secteur mais parfois, les jeunes qui habitent loin de MAGI hésitent à revenir au parc Jean-Amyot pour retrouver leurs pairs après une certaine heure. Le trajet est parfois trop long. S’ensuit une errance des jeunes adolescents du quartier Guybourg entraînant un phénomène d’insécurité chez certains résidents du secteur. Les jeunes de Guybourg s’isolent ainsi et n’ont pas d’alternative à la rue à proximité. MAGI souhaite offrir cette alternative aux jeunes en leur ouvrant un local à proximité de chez-eux les soirs après l’heure du repas. Le besoin de rejoindre les jeunes a été constaté par de nombreuses personnes travaillant ou résidant dans le secteur de même que par des élus de l’arrondissement. Plutôt que d’attendre le retour des jeunes, l’équipe s’est questionnée sur la possibilité d’aller les rejoindre dans leur milieu. La Maison des Jeunes MAGI de Mercier-Ouest souhaitait profiter de son expertise auprès des adolescents pour rejoindre les jeunes de 12 à 17 ans du secteur Guybourg qui errent dans le quartier faute de ressource adaptée. Par cette volonté, MAGI souhaitait offrir une alternative à l’errance et la délinquance pour les jeunes qui ne viennent pas à la Maison des Jeunes MAGI dans le parc Jean-Amyot.

En 2005, MAGI a commencé à regarder les possibilités d’ouvrir une seconde maison des jeunes dans le secteur Guybourg, un secteur à revitaliser. À ce moment, les nombreux commerces et ressources ont fermé leur porte. C’est pourquoi la maison des jeunes a décidé d’entamer des démarches pour y implanter un deuxième point de service afin de rejoindre de nombreux adolescents vivant dans ce secteur. Diverses tentatives ont été menées pour arriver à atteindre l’objectif le 7 septembre 2011. C’est au 1845 rue Bossuet que la Piaule de Guybourg a ouvert ses portes aux jeunes du secteur dans un bâtiment commercial appartenant à Roland Grenier construction. La Piaule disposait d’un espace suffisamment grand pour y tenir plusieurs activités dont celle du Parkour.

Un premier appui de l’arrondissement, par le biais du fond Prévention gang de rue, permis à MAGI d’ouvrir la Piaule de Guybourg pour une durée de 4 mois à raison de 9 heures par semaine. Les résultats obtenus auprès des jeunes du quartier permirent à MAGI de voir son projet être renouvelé par tranche de 6 mois jusqu’en décembre 2012.

Après plus ou moins 3 ans d’occupation, la Piaule a appris en décembre 2013 que le bâtiment s’était vendu et qu’elle devait déménager au mois de février 2014 car le nouvel acheteur réquisitionnait le bâtiment en entier.

Disposant de seulement 45 jours pour relocaliser la maison des jeunes, l’équipe réussit finalement à trouver un autre lieu tout près du précédent. Cependant, ce lieu est définitivement plus petit et oblige la MDJ à restreindre son matériel et son activité le Parkour. C’est donc en mars 2014 que la Piaule a élu domicile au 1198, rue Bossuet. Elle y restera jusqu’en février 2015.

À l’occasion du renouvellement de la convention de partenariat avec MAGI (2013-2015), l’arrondissement MHM décida de soutenir la Piaule pour trois ans à hauteur de 45000$ par année.

Suite à d’importants travaux de rénovations réalisés par la Ville de Montréal, la Piaule de Guybourg a maintenant son endroit bien à elle dans le chalet du Parc Rougemont. Après plusieurs mois de relocalisation, les jeunes peuvent profiter pleinement de leur lieu de rencontre fraichement rénové.

Depuis ses débuts en septembre 2011, la Piaule de Guybourg a beaucoup progressé. Elle a débuté avec 3 jours d’ouverture pour 9 heures par semaine, a ensuite ouvert une quatrième journée pour finalement arriver à 5 jours par semaine et une moyenne de 21 heures d’ouverture à compter de janvier 2013. Elle a subi deux déménagements dans sa courte existence mais a trouvé sa vocation et rejoint maintenant des jeunes du secteur Guybourg à près de 90%. Il ne s’agit pas d’un déplacement de la clientèle puisque la très grande majorité de ces jeunes ne viennent jamais à MAGI.

La Piaule est assurément une maison des jeunes qui rempli sa mission avec succès et qui a su au fil du temps adopter sa propre couleur pour répondre aux besoins des jeunes du quartier Guybourg.

Le développement de la Piaule ne sait pas fait dans les meilleures conditions. Au départ, une seule ressource humaine, parfois accompagnée d’un bénévole, accueillait les jeunes. Avant d’avoir une certaine stabilité, la Piaule ne pouvait s’engager au niveau des télécommunications en signant un contrat annuel puisque son financement était renouvelé aux 6 mois. Les besoins à la Piaule et à MAGI sont différents, comme leur clientèle et requièrent une stabilité et une implication auprès des jeunes et de leur famille.

Jusqu’en décembre 2015, la maison des jeunes MAGI disposait de 4 ressources humaines dont une à temps partiel pour s’occuper des deux points de service. Depuis le renouvellement de la convention de partenariat, MAGI a vu son budget destiné à la Piaule être amputé de 16000$ soit près de 35% du montant de la dernière convention.

MAGI doit donc se débrouiller avec 29000$ pour défrayer à la fois les ressources humaines, matérielles et autres services. Comme vous pourrez le constater dans les tableaux ci-joints, au-delà des salaires et les frais d’activités il coûte à la Piaule plus de 6000$ en frais divers et ce, avant même d’avoir accueilli un seul jeune.

Il ne reste donc que le salaire d’un seul animateur-intervenant qualifié, à mi-temps, pour assurer la survie à long terme de l’organisme qui s’est rapidement implanté dans un secteur à fort besoin en revitalisation. À court terme, sans une augmentation du financement, la Piaule de Guybourg devra diminuer ses heures d’ouverture en raison d’un manque de personnel.

Le fait de n’avoir qu’une seule ressource humaine à la Piaule entraînerait une diminution significative de l’offre de service (limitation dans la capacité d’accueil, fermeture lors de la période de sport au gymnase, fragilité en cas de maladie, vacances ou autres qui entraîneraient des fermetures de la Piaule à chaque occasion)

Des montants ont été reçus par MAGI provenant de l’entente MESS-Ville Alliance pour une solidarité au cours des dernières années afin de bonifier l’offre de service et augmenter les heures d’ouverture. Finalement, MAGI absorbe les déficits de la Piaule depuis ses débuts à même les sommes amassées dans ses événements bénéfices.

MAGI croit en la pérennité de la Piaule mais pour cela, cette importante ressource doit pouvoir compter sur une certaine stabilité de ses ressources humaines qui sont significatives pour les jeunes. Cette stabilité doit aussi se refléter dans les jours et les heures d’ouverture. Les jeunes doivent pouvoir avoir l’assurance que leur Maison des jeunes est ouverte quand ils sont disponibles. L’impact de la diminution du financement de la Piaule entraînera inévitablement une diminution à cet effet. Comment pourrons-nous être signifiants pour les jeunes si nous ne sommes présents que 2 à 3 soirs par semaine? Comment l’impact de la Piaule auprès des jeunes et des parents pourra t’il se poursuivre sans continuité dans l’offre de service?

La Piaule pourrait avoir les mêmes bénéfices dans la communauté que MAGI a auprès des citoyens de son secteur et des usagers du parc Jean-Amyot. La Piaule, ce n’est pas seulement les jeunes qui la fréquentent. La Piaule rassure par sa présence, permet probablement une diminution du vandalisme dans le parc Rougemont et peut, par extension, contribuer au sentiment de sécurité des citoyens de ce secteur.

La Piaule dans le parc Rougemont est en place depuis trois ans et sa pertinence n’est pas prête de s’estomper. En mai dernier, lors d’une soirée, ce sont 29 jeunes du secteur qui ont fréquenté la Piaule de Guybourg. Selon les chiffres de Statistiques Canada 2016, il y a environ 100 adolescents sur le territoire, c’est donc dire que 29% d’entre-eux sont venus à la Piaule un même soir!! Des ressources qui attirent près de 30% de la clientèle-cible, selon nous, il n’y en a pas beaucoup.